La Fondation pour la Recherche sur l’Endométriose créée en janvier 2021 sous l’égide de la FRM, finance deux premiers projets portés par des équipes de recherche publique française dès la première année de sa création.
Ces projets portent sur deux thèmes majeurs permettant d’avancer sur prise en charge de la maladie : le diagnostic précoce non invasif grâce à l’identification de biomarqueurs et l’amélioration de la prise en charge des adolescentes souffrant de dysménorrhées et d’endométriose.
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Résumé public Projet DeMeTer – Dr Agnès Suc, Equipe Ressource Douleur Soins Palliatifs Pédiatriques Enfant-Do, Hôpital des Enfants, TOULOUSE
Introduction
Les adolescentes souffrant de dysménorrhées sévères sont également confrontées à des défis spécifiques à leur âge, avec notamment un impact sur leur confiance en soi, leur estime de soi et leurs relations. Nous réaliserons des entretiens de groupe afin de mieux comprendre l’expérience des adolescentes et de leurs parents qui consultent les services de pédiatrie pour des dysménorrhées sévères. Cela nous permettra par la suite de proposer des outils spécifiques d’évaluation et une organisation des soins pour accompagner les adolescentes souffrant de dysménorrhée sévère.
Contexte
Initialement considérée comme une pathologie touchant les femmes adultes, on sait aujourd’hui que l’endométriose touche également les adolescentes de manière précoce, au moment des premières règles, avec une présentation clinique souvent atypique. Des recommandations récentes en France, ainsi que des événements européens et mondiaux, ont permis de mieux faire connaître l’endométriose et de mieux structurer sa prise en charge.
Nous recevons dans notre pratique quotidienne de plus en plus d’adolescentes présentant une dysménorrhée invalidante et fréquemment résistante aux traitements. La dysménorrhée est souvent banalisée pendant les premières années de menstruation, alors qu’elle a un impact sur la vie quotidienne de l’adolescente avec notamment de l’absentéisme scolaire. Par ailleurs, du fait de l’association possible de l’endométriose de l’adolescente avec des douleurs pelviennes chroniques, des signes urinaires ou digestifs, ces jeunes filles accèdent aux soins par des voies très différentes et font fréquemment l’objet d’errance médicale.
Il est difficile d’obtenir la confirmation du diagnostic à cet âge. L’interrogatoire médical est donc une étape essentielle dans la démarche diagnostique, pour retracer l’histoire gynécologique de la jeune fille, l’apparition et l’évolution de la dysménorrhée ou des troubles des règles associés, et une éventuelle histoire familiale d’endométriose. La compréhension des patientes adolescentes et de leur famille est cruciale pour établir une alliance de travail solide et proposer une prise en charge adéquate de la douleur, en conjonction avec des examens complémentaires si nécessaire.
Objectifs
Notre objectif principal est de décrire aussi fidèlement et largement que possible l’expérience des patientes adolescentes et de leurs parents consultant pour une dysménorrhée sévère, et de délimiter les facteurs susceptibles d’améliorer ou d’entraver l’engagement dans les soins.
Les résultats secondaires consistent à décrire la population consultant dans les services de pédiatrie pour une dysménorrhée sévère.
Méthodes
Les adolescents souffrant de dysménorrhée sévère et l’un de leurs parents participeront à des groupes de discussion séparés, et les données seront ensuite analysées à l’aide de la méthodologie de l’analyse thématique. Les adolescents répondront également à des questionnaires évaluant leur qualité de vie et leur estime de soi.
Impact attendu
– Décrire et comprendre l’impact de la dysménorrhée sévère sur la qualité de vie des adolescentes et de leurs familles, ainsi que sur leur développement.
– Mettre en place un parcours de soins dédié, s’appuyant sur l’expertise de plusieurs spécialistes, pour améliorer la prise en charge de la dysménorrhée sévère chez les adolescentes.
– Développer un outil d’évaluation spécifique qui sera ensuite inclus dans la pratique clinique.
Résumé public projet EndoMens- A.Brulport, Institut Pasteur, PARIS
Contexte
L’endométriose est une maladie gynécologique chronique caractérisée par la présence de tissu endométrial en dehors de l’utérus. L’hypothèse principale pour expliquer la formation de lésions d’endométriose est la dissémination pathologique de fragments d’endomètre par reflux des pertes menstruelles dans l’abdomen via les trompes. Ce phénomène existe chez 90 % des femmes en âge de procréer alors que seulement 10 % d’entre elles développent une endométriose.
En raison de la diversité des symptômes (troubles de la menstruation, douleurs pelviennes et lombaires, infertilité, troubles digestifs et urinaires, fatigue chronique, dyspareunie) et d’une démarche diagnostic invasive reposant encore souvent sur la caractérisation histologique post-chirurgie des lésions, le retard de diagnostic pour l’endométriose est compris entre 4 et 11 ans.
Aujourd’hui, un enjeu majeur dans la prise en charge des patientes est le développement de nouvelles méthodes pour un diagnostic précoce, rapide, fiable et non invasif de l’endométriose.
Objectifs
L’objectif de ce projet est de caractériser les populations cellulaires endométriales contenues dans le fluide menstruel de patientes atteintes d’endométriose et de donneuses saines, afin d’identifier des biomarqueurs potentiels de l’endométriose pour proposer un diagnostic non invasif de la maladie.
Méthodes
Nous collecterons le fluide menstruel de donneuses saines et de patientes atteintes d’endométriose à l’aide de coupes menstruelles. Nous identifierons les différents types de cellules provenant de la muqueuse de l’utérus (endomètre), et nous comparerons les deux groupes de donneuses pour détecter les changements dans les proportions cellulaires et l’expression des gènes qui différencient les patientes atteintes d’endométriose des témoins sains. Pour caractériser davantage ces changements, nous cultiverons les cellules endométriales des donneuses sous forme d’organoïdes, cultures cellulaires en 3D qui reproduisent l’organisation du tissu. De cette façon, nous évaluerons la fonctionnalité des cellules et identifierons les différences fonctionnelles entre les patientes et les témoins.
Impact attendu
La caractérisation du fluide menstruel en tant que tissu biologique nous permettra de mieux comprendre les mécanismes pathologiques impliqués dans l’endométriose. Nous espérons que ce projet contribuera à l’identification de biomarqueurs permettant de détecter l’endométriose de manière précoce, facile et non invasive, afin de réduire les délais de diagnostic et d’améliorer la prise en charge des patientes.