Rapport sur la santé des femmes au travail : de nouvelles recommandations !

Santé au travail : audition de Valérie Desplanches

Usure physique et psychique, troubles musculo-squelettiques, cancers : les répercussions du travail sur la santé des femmes sont encore largement méconnues et minimisées. De même, les difficultés associées à la santé sexuelle et reproductive des femmes sont encore sous-estimées voire ignorées dans le monde du travail. Le 29 juin 2023, la délégation sénatoriale aux droits des femmes a sorti un nouveau rapport sur la santé des femmes au travail. Ce rapport est le fruit du travail de cinq sénatrices (Annick Billon, Laurence Cohen, Annick Jacquemet, Marie-Pierre Richer et Laurence Rossignol), qui ont notamment audité Valérie Desplanches, Présidente de la Fondation Endométriose.

Ce rapport est divisé en trois grands axes : adopter une approche genrée de la santé au travail ; développer et adapter la prévention à destination des femmes ; mieux prendre en compte la santé sexuelle et reproductive au travail. Il dresse une liste de 23 recommandations pour mieux appréhender la santé des femmes au travail dans sa globalité et ses spécificités.


Parmi les recommandations du rapport, 3 sont directement liées à l’endométriose :

  • Recommandation n° 15 : Ajouter l’endométriose à la liste des affections de longue durée (ALD 30), permettant de supprimer le délai de carence et donc les pertes financières en cas d’arrêts de travail répétés.
  • Recommandation n° 16 : Généraliser la mise en œuvre du programme ENDOpro, développé par la Fondation pour la Recherche sur l’Endométriose, aux employeurs privés et publics.
  • Recommandation n°17 : Inciter les branches à négocier des mesures d’aménagement des conditions de travail des femmes atteintes de pathologies menstruelles incapacitantes (poste de travail, temps et horaires de travail, évolution de carrière).

Par ailleurs, lors de son audition au Sénat, le 2 mars 2023, Valérie Desplanches a expliqué les différentes conséquences de l’endométriose pour les employées atteintes, plusieurs de ses citations sont reprises dans la rapport :

« On évoque souvent les douleurs des règles, mais les symptômes peuvent se manifester en dehors de cette période. Elles peuvent être quotidiennes. On parle de dyspareunie, des douleurs lors des rapports sexuels, mais aussi de troubles de la fertilité. En effet, l’endométriose reste la première cause d’infertilité féminine. On en parle moins, mais s’y ajoutent également des douleurs digestives, urinaires, lombaires, dans les jambes…»

« Un sondage Ipsos, récemment réalisé pour la Fondation pour la Recherche sur l’Endométriose, rapporte les résultats suivants : 20 % des répondants considèrent que la maladie n’est pas prise en compte dans leur entreprise, 61 % n’en savent rien car ils n’ont pas reçu d’information à ce sujet. Ainsi, je pense que l’on peut dire qu’environ 80 % des gens ne voient rien se passer dans leur entreprise. Ce sujet est aujourd’hui quasiment inexistant, d’autant plus que les femmes ne prennent pas la parole. Plus d’un tiers d’entre elles déclarent se rendre au travail malgré les douleurs handicapantes. Elles subissent une pression très forte. »

Ces nouvelles recommandations constituent une avancée considérable. La prise en compte des particularités de la santé des femmes est indispensable. Pour les femmes elles-mêmes qui souffrent en silence, mais aussi pour les entreprises qui peuvent maximiser la qualité de vie au travail et donc la productivité de leurs employées féminines. Ce rapport est un premier pas, il doit maintenant être exploité par le Gouvernement.