Que signifient les résultats récents publiés dans le British Medical Journal sur l’endométriose et les fibromes liés à un risque accru de décès prématuré ?

Nouvelle étude : l’endométriose et les fibromes liés à un risque accru de décès prématuré ?

L’étude épidémiologique qui semble relever un lien entre endométriose d’une part et fibromes d’autre part et ce risque accru, souligne surtout l’importance de la prise en charge précoce de ces pathologies et du suivi d’autres maladies qui leur sont souvent associées, en particulier pour l’endométriose.

Le parcours de diagnostic et de soins des femmes atteintes d’endométriose présente encore un retard significatif, alors qu’il devrait démarrer au moment de l’expression des symptômes à l’adolescence ou à l’âge adulte. Par ailleurs, l’avancée en âge ne doit pas faire diminuer la vigilance, non seulement dans le suivi de la maladie, mais également dans la surveillance de ses comorbidités.

Selon une récente étude de cohorte publiée dans le British Medical Journal et portant sur plus de 110.000 infirmières en exercice, l’endométriose serait en effet plus fréquente de près de 20% chez les femmes décédant avant l’âge de 70 ans [Wang 2024]. Les causes de mortalité rapportées de façon significative seraient les cancers gynécologiques, les maladies du système nerveux, les maladies respiratoires, et les maladies liées au vieillissement.

L’étude établit par ailleurs que le fibrome utérin est associé à un risque de surmortalité par cancer gynécologique, sans pour autant avoir de relation avec l’endométriose.

Cette étude à grande échelle, basée sur des informations à priori fiables puisque reportées par des professionnelles de santé, confirme certains résultats déjà publiés en ce qui concerne l’endométriose. La publication ne précise pas le type de cancer gynécologique, mais plusieurs études épidémiologiques précédentes ont en effet déjà identifié un risque majoré (+34%) de cancer de l’ovaire en cas d’endométriose [Kim 2014, Guo 2015]. Une méta-analyse plus récente de 24 études confirme certes l’augmentation de ce risque mais pas pour celui du cancer du col de l’utérus [Kvaskoff 2021]. A noter que même majoré, ce risque reste très faible.

Cette publication met également en lumière de nouveaux risques potentiels, notamment sur les maladies nerveuses et respiratoires. Les causes non gynécologiques identifiées dans l’étude illustrent bien le caractère systémique et hétérogène de l’endométriose, notamment pour l’association aux maladies auto-immunes, pour les comorbidités liées au stress ou bien pour celles liées à l’inflammation [Kvaskoff 2015, Parazzini 2017].

Il faut cependant rester prudent dans l’interprétation de ces résultats. L’épidémiologie donne des « corrélations » entre des éléments qui ne signifient pas forcément des « relations de cause à effet », c’est pourquoi il est indispensable d’approfondir les recherches sur les risques soulevés.

D’autre part, cette étude observationnelle à large échelle, est menée sur une population spécifique. Il convient également de noter que l’étude a commencé en 1989 et portait sur des femmes âgées de 25 à 42 ans et donc pour lesquelles les pathologies féminines étaient moins prises en compte que maintenant.

En conclusion, cette étude doit être complétée par d’autres recherches pour évaluer si ce sur-risque est avéré. Elle pointe avant tout la nécessité absolue de diagnostiquer, de prendre en charge le plus tôt possible l’endométriose tout comme les fibromes utérins et surtout de surveiller les potentielles comorbidités associées et de les prendre également en charge, au-delà même de la ménopause.