Endométriose et exercice physique

L’endométriose, maladie d’origine gynécologique, s’exprime classiquement par des douleurs de la région abdomino-pelvienne, dues à un processus inflammatoire sous dépendance des œstrogènes (hormone sécrétée par les ovaires). La douleur chronique pouvant aussi affecter les membres inférieurs, ainsi que les éventuels symptômes dus à l’implantation de nodules d’endométriose autour des organes gynécologiques (ovaires), digestifs (intestin) ou urinaires (vessie, uretères) peuvent limiter les activités fonctionnelles, voire la mobilité des femmes atteintes par la maladie. 

La relation entre le niveau d’activité physique et la prévalence de l’endométriose n’est pas constante [Schafrir 2018, Ricci 2016]. Cependant dans une récente étude comparant les performances physiques de 115 patientes, hors période des règles, et selon qu’elles présentaient ou non une endométriose confirmée par IRM, les femmes avec endométriose ont eu une réduction significative de tous les critères de performance mesurés (force de préhension manuelle, test de distance parcourue en 6 minutes de marche, vitesse de marche et test de position debout sur une chaise). Autant pour les membres supérieurs et inférieurs, la mobilité et la capacité fonctionnelle sont donc déjà d’emblée plus faibles chez les femmes atteintes d’endométriose [Silva 2024]. Chez de telles patientes déjà fragilisées par la maladie, cette diminution de performance réduit le niveau d’activité et augmente le risque de comorbidités telles que le risque cardiovasculaire ou bien le surpoids [Tourny 2023].  

Indépendamment de cette relation, l’intérêt d’augmenter son niveau d’activité physique par un exercice régulier peut se discuter à deux niveaux, d’une part pour contribuer au soulagement des symptômes, mais d’autre part pour peut-être prévenir ou réduire l’extension de la maladie. 

En termes de prévention : 

  • Une première étude sur le suivi de 812 femmes pendant 2 ans a montré que la pratique d’une activité physique intense réduisait significativement de 76% le risque de présenter un endométriome ovarien [Dhillon 2003]. 
  • Ceci est confirmé par une étude plus récente où il a été observé que les femmes qui pratiquent un exercice physique régulier ont par rapport à celles qui n’en pratiquent pas, un risque diminué de 40 à 80% de présenter une endométriose [Tourny 2023]. 
  • Selon une récente étude de cohorte portant sur plus de 100.000 infirmières en exercice, l’endométriose a tendance à être moins fréquente de 11% chez les femmes pratiquant le plus haut niveau d’activité physique [Vitonis 2010], mais il convient de noter que cette tendance n’est pas retrouvée chez les adolescentes [Vitonis 2009]. 
  • Enfin une méta-analyse regroupant les résultats de 3 études portant sur 3355 femmes, ne fait que retrouver une tendance non significative sur le rôle préventif de l’exercice physique qui reste donc encore à démontrer [Ricci 2019].

En termes de contribution thérapeutique, les progrès réalisés dans la compréhension de l’endométriose soulignent aujourd’hui l’intérêt des traitements moins invasifs et non pharmacologiques parmi lesquels se trouve l’exercice physique [Zondervan 2018]. En premier lieu, celle-ci libère des cytokines anti-inflammatoires et du cortisol, ce qui entraîne une diminution de la libération de prostaglandines impliquées dans la douleur des dysménorhées [Kirsch 2024]. De plus, l’exercice physique pratiqué régulièrement réduit le flux menstruel, la stimulation ovarienne et la production d’oestradiol [Bonocher 2014, Ennour-Idrissi 2015]. 

La définition qualitative et quantitative de l’exercice physique n’est pas consensuelle mais celui-ci englobe la pratique régulière d’un sport de fond et non violent (marche, natation, vélo …), les exercices réalisés en kinésithérapie avec étirements musculaires (rachidiens, adducteurs, ischio-jambiers et muscles du plancher pelvien), les maintiens de postures (à partir de positions allongée, couchée sur le dos, assise et debout), ou bien des exercices de respiration diaphragmatique. Quantitativement elle se mesure en « équivalent métabolique d’activité » définissant des niveaux d’activité sédentaire, faible, modérée, élevée ou très élevée. 

L’effet positif de l’exercice physique a déjà été mis en évidence par une méta-analyse de 10 études cliniques comparatives portant sur 754 femmes présentant des dysménorrhées primaires, où il y est démontré que l’exercice physique, pratiqué pendant environ 45 à 60 minutes à chaque fois, au moins trois fois par semaine, apporte une réduction significative de l’intensité de la douleur menstruelle de 25 mm sur une échelle visuelle analogique de 100 mm [Armour 2019]. 

Parmi les données disponibles sur l’intérêt de l’exercice physique dans l’endométriose : 

  • Une étude épidémiologique récente menée sur plus de 1000 patientes avec endométriose démontre que les symptômes douloureux exprimés à un jour donné sont significativement diminués par un exercice physique pratiqué la veille, en particulier si l’exercice est pratiqué 3 jours par semaine [Ensari 2022].
  • Une récente méta-analyse regroupant les résultats de 2 études montre que l’activité et l’exercice physique ont un effet significativement positif sur la qualité de vie et sur le soulagement de la douleur [Xie 2025].
  • Enfin, une étude pilote comparative montre par ailleurs que l’exercice physique peut significativement réduire de 3,6% la perte minérale osseuse des patientes dont l’endométriose est traitée depuis un an par les analogues de la GnRH (Hormone de Libération de la Gonadotrophine) [Bergström 2005].

Par ailleurs, la pratique de l’exercice physique ou du sport diminue l’anxiété, le stress et la dépression qui sont souvent associés à l’endométriose, par la libération d’endorphines (effets antalgique, relaxant et anxiolytique), par une amélioration du sommeil, plus profond et réparateur, et par une augmentation de certains neurotransmetteurs (dopamine et sérotonine qui sont souvent en déficit en cas de dépression) [Pearce 2022]. L’exercice physique ou du sport apporte également un soutien psychologique et social (surtout s’il est pratiqué en groupe) par la distraction positive, l’amélioration de l’estime de soi et la maîtrise du corps qu’il procure. 

Avec le double objectif de restaurer les performances physiques et de contribuer à la réduction des douleurs et symptômes, tout en favorisant un soutien social, les femmes atteintes d’endométriose doivent donc être encouragées à identifier et à pratiquer l’exercice physique qui leur convient, à adopter des habitudes de vie saines et à participer à des activités de rééducation pour contrôler leurs douleurs dans le but de réduire toute éventuelle déficience fonctionnelle. 

Compte tenu des effets secondaires à faible risque associés et des avantages pour la santé en général, l’exercice physique est donc recommandé chez les femmes souffrant d’endométriose, en complément à la prise en charge conventionnelle de la maladie. Il est également conseillé de pratiquer cet exercice dans le cadre de l’Activité Physique Adaptée (APA) qui est alors dispensée par des professionnels formés aux spécificités médicales telles que celles de l’endométriose (ce qui n’est pas le cas des professionnels généralistes du sport), et permettra ainsi une reprise d’activité pérenne et efficiente. 

Sources bibliographiques : 

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  • Bergström I, Freyschuss B, Jacobsson H, Landgren BM.The effect of physical training on bone mineral density in women with endometriosis treated with GnRH analogs: a pilot study. Acta Obstet Gynecol Scand. 2005; 84(4): 380 – 383 doi: 10.1111/j.0001-6349.2005.00558.x
  • Bonocher CM, Montenegro ML, Rosa e Silva JC, Ferriani RA Meola J. Endometriosis and physical exercises: a systematic review. Reprod Biol Endocrinol. 2014; 12: 4 doi: 10.1186/1477-7827-12-4
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  • Ensari I, Lipsky-Gorman S, Horan EN, Bakken S, Elhadad N. Associations between physical exercise patterns and pain symptoms in individuals with endometriosis: a cross-sectional mHealth-based investigation. BMJ Open. 2022 Jul; 12(7): e059280  doi: 10.1136/bmjopen-2021-059280
  • Pearce M, Garcia L, Abbas A, Strain T, Barreto Schuch F, Golubic R, Kelly P, Khan S, Utukuri M, Laird Y, Mok A, Smith A, Tainio M, Brage S, Woodcock J. Association Between Physical Activity and Risk of Depression: A Systematic Review and Meta-analysis. JAMA Psychiatry 2022; 79(6): 550 – 559   doi: 10.1001/jamapsychiatry.2022.0609
  • Ricci E, Viganò P, Cipriani S, Chiaffarino F, Bianchi S, Rebonato G, Parazzini F. Physical activity and endometriosis risk in women with infertility or pain: Systematic review and meta-analysis. Medicine (Baltimore). 2016; 95(40): e4957 doi: 10.1097/MD.0000000000004957
  • Silva T, Oliveira M, Oliveira E, Macena R, De Oliveira Silva GT, Câmara SMA, Micussi M. Are women with endometriosis more likely to experience reduced physical performance compared to women without the condition? PeerJ. 2024: 12: e16835 doi: 10.7717/peerj.16835. eCollection 2024
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  • Tourny C, Zouita A, El Kababi S, Feuillet L, Saeidi A, Laher I, Weiss K, Knechtle B, Zouhal H. Endometriosis and physical activity: A narrative review. Int J Gynaecol Obstet. 2023; 163(3): 747 – 756 doi: 10.1002/ijgo.14898
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  • Zondervan KT, Becker CM, Koga K, Missmer SA, Taylor RN, Viganò P.Endometriosis. Nat Rev Dis Primers. 2018; 4(1): 9  doi: 10.1038/s41572-018-0008-5