L’endométriose relève classiquement de traitements médicaux destinés à soulager la douleur qui est la principale et la plus fréquente plainte exprimée par les patientes. Les antalgiques, tels que le paracétamol ou bien les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont souvent proposés en première intention mais s’avèrent insuffisants dans la plupart des cas.
Les traitements hormonaux classiques soulagent plus efficacement, en bloquant les menstruations et donc les hémorragies qui génèrent l’inflammation et les douleurs. Les progestatifs, le dienogest (hormone proche de la progestérone) ou les analogues (agonistes) de la GnRH (hormone hypophysaire) peuvent également être proposés. Cependant certaines options de la prise en charge conventionnelle sont parfois insuffisantes, contre-indiquées ou peuvent être associées à des effets indésirables. Une étude sur 1160 femmes diagnostiquées pour endométriose montre par exemple que 15,6 à 26,1% d’entre elles ont arrêté leurs traitements médicaux en raison de leur inefficacité et 10,0 à 43,5% d’entre elles pour des effets secondaires [Sinaii 2007].
Pour toutes ces raisons, de nombreuses femmes cherchent alors des thérapies complémentaires ou alternatives qui peuvent être des techniques corporelles (activité physique adaptée, yoga…), psychocorporelles (relaxation, sophrologie, méditation, art thérapie…), ou bien d’autres approches comme l’acupuncture, la kinésithérapie, le TENS l’ostéopathie. Elles font également appel à des mesures ou des traitements adjuvants (changements dans la nutrition, compléments alimentaires, phytothérapie, homéopathie, cure thermale …).
Dans une étude épidémiologique rétrospective sur les soins de 574 femmes au diagnostic confirmé d’endométriose, 65,5% d’entre elles ont recouru à des thérapies telles que l’application locale de chaleur, la relaxation, les massages, l’homéopathie, la phytothérapie, l’acupuncture ou autre médecine traditionnelle chinoise, ou bien la kinésithérapie. Ce recours est par ailleurs lié à la déception des patientes par l’effet des soins prodigués. Les femmes exprimant les symptômes de la maladie ont en effet trois fois plus souvent choisi des thérapies alternatives que les femmes asymptomatiques [Kohl Schwartz 2019].
Dans leurs recommandations sur l’endométriose, la Haute Autorité de Santé et le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français citent par exemple et en complément de la prise en charge médicale, l’acupuncture, l’ostéopathie et le yoga [HAS – CNGOF 2017]. Ces recommandations devraient être mises à jour en considérant les nouvelles études parues plus récemment. Enfin une nutrition adaptée [Barnard 2023, Tassinari 2023] et une activité physique régulière [Bonocher 2014] contribuent à réduire l’environnement inflammatoire de la maladie.
Outre les traitements médicaux de fond, la prise en charge de l’endométriose doit donc être diversifiée et adaptée à chaque patiente, pour un meilleur soulagement de leurs douleurs et symptômes, et pour une amélioration de leur qualité de vie.
La difficulté réside dans le fait qu’il y a encore trop peu d’études scientifiques réalisées sur ces approches non médicamenteuses. Par ailleurs ces études sont complexes à mettre en œuvre pour arriver à démontrer un effet « scientifiquement prouvé » comme on le fait dans le cas d’un médicament ayant un mode d’action bien identifié.
Date de publication : janvier 2025
Sources bibliographiques :
- Barnard ND, Holtz DN, Schmidt N, Kolipaka S, Hata E, Sutton M, Znayenko-Miller T, Hazen ND, Cobb C, Kahleova H. Nutrition in the prevention and treatment of endometrios: a review. Frontiers in Nutrition; 2023, 10: 1089891. doi: 10.3389/fnut.2023.1089891
- Bonocher CM, Montenegro ML, Rosa E Silva JC, Silva E , Ferriani RA, Meola J. Endometriosis and physical exercises: a systematic review. Reprod Biol Endocrinol. 2014. 12: 4 doi: 10.1186/1477-7827-12-4.
- HAS – CNGOF. Prise en charge de l’endométriose, démarche diagnostique et traitement médical. 2017
- Kohl Schwartz AS, Gross E, Geraedts K, Rauchfuss M, Wölfer MM, Häberlin F, Von Orelli S, Eberhard M, Imesch P, Imthurn B, Leeners B. The use of home remedies and complementary health approaches in endometriosis. RBMO. 2019 ; 38(2) : 260 – 271 doi : 10.1016/j.rbmo.2018.10.0091472-6483
- Kolberg Tennfjord M , Gabrielsen R, Tellum T. Effect of physical activity and exercise on endometriosis-associated symptoms: a systematic review. BMC Womens Health. 2021; 21(1): 355 doi: 10.1186/s12905-021-01500-4.
- Sinaii N, Cleary SD, Younes N, Ballweg ML, Stratton P. Treatment utilization for endometriosis symptoms: a cross-sectional survey study of lifetime experience. Fertility and Sterility. 2007; 87(6): 1277 – 1286. doi: 10.1016/j.fertnstert.2006.11.051
- Tassinari V, Smeriglio A, Stillitano V, Trombetta D, Zilli R, Tassinari R, Maranghi F, Frank G, Marcoccia D, Di Renzo L. Endometriosis treatment: Role of natural polyphenols as anti-inflammatory agents. Nutrients. 2023; 15 : 2967 – 2982 doi: 10.3390/nu15132967